Pékin
2
décembre 2013
Donc
a priori une longue nuit de sommeil, bercé par le roulis du
train. La couchette était étroite et dure et suivant que le
chauffage était en route ou non, il faisait tantôt trop chaud,
tantôt trop froid. Je me suis réveillé à peu près vers 7 heures,
quand tout le monde a commencé à s'agiter pour descendre à
Tianjin.
Le soleil se lève sur la ligne Dandong-Pékin |
Le
train est arrivé avec un peu de retard, je pense, à Pékin. Je
devais trouver une consigne pour laisser ma valise et partir
sur-le-champ à la Cité interdite, où j'avais rendez-vous avec
Antoine à 9h30. Le train étant arrivé seulement un peu avant 9
heures, je n'avais pas le temps de m'asseoir prendre un
petit-déjeuner et me brosser les dents, d'autant plus qu'une fois le
train arrivé, on est entraîné vers la sortie de la gare et on ne
peut plus y rentrer, à moins d'avoir un billet pour un train en
partance.
Je
suis arrivé à l'heure au rendez-vous mais il y avait de longues
files d'attente pour la sécurité. Je me demandais comment j'allais
retrouver Antoine, mais il ne devait pas être loin. Le Premier
ministre britannique était, semble-t-il en visite officielle à
Pékin, d'où les drapeaux britanniques et les contrôles de
sécurité. Il se trouvait qu'Antoine était dans la file à côté
et qu'il me faisait de grands signes pour que je le rejoigne. J'ai
passé les contrôles de sécurité avec ma grosse valise sans souci
aucun, on ne l'a même pas vérifiée. Nous avons été alpagués par
des dizaines de soi-disant guides qui nous proposaient avec
insistance de nous faire visiter la Cité interdite. Nous les avons
tous refusés. J'ai trouvé une consigne pour laisser ma valise où
on m'a expliqué avec les plus grandes difficultés que je pouvais la
récupérer à la porte nord de la Cité interdite, ce qui me
permettrait de visiter le palais sans avoir à revenir sur mes pas.
Super pratique. C'est aussi là qu'on a appris que la Cité interdite
fermait aujourd'hui à midi, comme tous les lundis, ce qui ne nous
laissait qu'une heure et demie pour en faire le tour.
La Cité interdite, à Pékin |
Finalement,
une heure et demie, c'est suffisant. On aurait peut-être pu visiter
certaines sections pour lesquelles il fallait payer un supplément ou
des recoins cachés, mais nous avons vu l'ensemble. Cela m'a rappelé
le palais Gyeongbokgung à Séoul : plusieurs édifices luxueux
dans une enceinte fermée, mais la Cité interdite dégage davantage
de grandeur, selon moi. Peut-être ce sont les proportions qui
donnent à l'ensemble son intérêt esthétique. Nous avons eu en
outre la chance d'être gâtés par un temps magnifique et une belle
lumière matinale. J'avoue que je n'ai pas grand chose d'autre à
dire sur la Cité interdite. Une belle visite quand même.
Cité interdite |
À
la fin de la visite, à la porte Nord, j'ai effectivement récupéré
ma valise. Lonely Planet nous avait prévenus mais à la sortie de la
Cité interdite, des chauffeurs de rickshaws par dizaines nous
proposaient leurs services pour une somme modique. Ils s'adressent à
tout le monde. Mais quand on traîne une grosse valise et que, de
surcroît, on déplie une carte de Pékin, on a l'impression qu'ils
sont des milliers à se jeter sur nous. On a beau s'éloigner, il en
vient toujours un autre qui a l'air de penser qu'il est le premier.
En fait il a forcément vu qu'on a dit non aux 25 premiers et que,
donc, il n'y a pas de raison pour qu'on lui dise oui à lui. Nous
nous voulions seulement nous éloigner pour trouver un endroit où
manger. Des gars nous suivaient pour nous vendre des babioles. Un
type m'a montré un dragon en pierre rouge qu'il me proposait à 100
yuans (12 euros). Malgré mes refus, il insistait, baissant le prix à
chaque fois. « 100 yuans ! Non ? Allez, 50 yuans !
Non ? 40, 40 yuans ! 30 yuans, allez ! 20 yuans ! »
Puis après une pause, il revient : « 10 yuans ! ».
Non, même pour 1,20 euro, je ne veux pas d'un dragon rouge, merci.
Puis on voit une série de personnes lourdement handicapées qui font
la manche : un type qui a une jambe retournée, un autre type
torse-nu à qui il manque un bras, une femme sans jambes.
Cité interdite |
Finalement,
heureusement que je n'ai pas trouvé de consigne à la gare et que
j'ai pu laisser ma valise à la Cité interdite, et qu'en plus j'ai
pu la récupérer côté Nord, parce que mon hôtel se trouve à deux
pas de là. J'y suis allé en compagnie d'Antoine pour déposer mes
affaires et prendre une douche, puis nous sommes allés manger dans
un boui-boui juste à côté. J'ai enfin de nouveau un peu d'appétit.
Je me suis même offert un dessert : une brochette de fraises
caramélisées. Très savoureux.
Un vendeur ambulant de fruits caramélisés |
Après
un café chez McDo pour Antoine, nous avons pris le métro puis
l'autobus pour aller au 798 Art District, un quartier de galeries
d'art qui ont pris possession d'une ancienne usine pétrochimique. Le
site est intéressant, certaines galeries aussi, mais beaucoup
étaient fermées parce que, encore une fois, c'est lundi, et que le
lundi, comme partout, c'est relâche.
Au 798 Art District, à Pékin, un ancien complexe industriel reconverti en quartier d'art |
Tous
les deux un peu cassés, nous sommes chacun rentrés chez soi nous
reposer avec la perspective éventuelle de sortir dans un bar avec
d'autres compagnons du voyage en Corée du Nord. Il devait m'envoyer
un courriel en arrivant à l'hôtel pour me tenir au courant, or lui
n'avait pas reçu d'informations, donc chacun a passé la soirée
chez soi. Et c'est pas plus mal, un peu de repos. J'ai passé
l'essentiel de la soirée à parler de ma journée à mon ordinateur.
Une jeune Pékinoise branchée au 798 Art District |
Je
suis sorti vers 21h30 pour trouver quelque chose à manger. À cette
heure-ci, dans la bouillonnante capitale chinoise, les gens sont déjà
couchés, visiblement. Presque rien n'est ouvert. Il n'y a quasiment
plus de circulation dans la rue. Il n'y a guère que quelques chaînes
de restauration rapide, comme McDonald's, qui sont ouvertes. Sinon,
pour ainsi dire rien. Quelques personnes éméchées marchent bras
dessus bras dessous en titubant, une Européenne promène son chien,
quelques personnes rentrent chez elles d'un pas pressé pendant que
les derniers magasins tirent le rideau de fer. À 22 heures. Même à
Divonne-les-Bains, 6 000 habitants, en France, il y a plus
d'activité que ça à 22 heures. Je me suis offert une part de
gâteau au chocolat au café de l'hôtel, dont je me suis délecté
dans ma chambre.