jeudi 14 novembre 2013

Pendant ce temps, à Andong

Andong Hahoe Danyang
Mardi 12 novembre 2013



Ce matin, réveil un peu plus tardif et réorganisation des valises. Je suis venu en Corée à la base pour travailler et maintenant il y a des tas de choses que je n'ai pas envie de me trimballer pendant encore plusieurs semaines : papiers, chemises légères (plus du tout utiles vu les températures qu'il fait), cadeaux de l'Assemblée. D'ici un mois au maximum, si tout se passe bien, María devrait recevoir un gros carton rempli de trucs inutiles ici et maintenant. C'était le moment idéal pour le faire étant donné que le bureau de poste se trouvait juste en face de l'hôtel.
De l'autre côté de l'hôtel se trouvait un magasin d'une chaîne américaine de produits convoités par Homer Simpson. Nous y avons fait escale pour notre petit-déjeuner puis nous sommes allés nous renseigner au bureau d'information à deux pas de là pour connaître la meilleure façon de procéder pour faire du tourisme dans la région d'Andong. Bien renseignés, nous avons commencé par faire le tour du centre-ville en passant par le marché et les rues passantes. Il faisait bien meilleur ici que les jours précédents et on a pu flâner sans souffrir du froid. Nous nous sommes acheté des petites choses frites (légumes, raviolis, poivrons) dans la rue que nous avons mangées une fois assis dans le bus pour Hahoe. J'ai trouvé ça très bon, mais les raviolis n'était pas à la hauteur de ceux que j'avais mangés dans la rue avant de partir de Busan, d'excellents raviolis aux vermicelles (si, si!), légèrement poêlés.
Le trajet pour Hahoe a duré une quarantaine de minutes. Le bus est sorti de la ville, a emprunté une voie rapide puis a traversé de nombreuses petites villes avant de s'enfoncer dans la campagne, une campagne jaune, sans cultures, assez triste. Enfin, nous sommes arrivés à la billetterie, puis nous sommes remontés dans une navette qui nous a emmenés un peu plus loin, aux portes du village traditionnel de Hahoe. Hahoe c'est exactement ce que j'aurais voulu voir partout en Corée dans les campagnes. Un village traditionnel avec ses fermes, son lieu de culte, ses maisons bourgeoises. Malheureusement ce n'est pas un village représentatif de la Corée et, même si Hahoe est habité, c'est quand même un village-musée où beaucoup de maisons sont inhabitées et où la plupart des maisons où vivent des gens servent à accueillir le touriste pour la nuit. Néanmoins, j'ai été charmé par l'endroit, l'aspect typique des maisons, celles des paysans en toit de chaume et les maisons plus riches avec des tuiles, aux formes asiatiques si reconnaissables. On peut rentrer dans les cours, même quand la maison est habitée, on salue poliment les maîtres de ces lieux et on demande humblement si on peut jeter un coup d’œil. Malgré tout, les locaux sont très aimables et n'hésitent pas à engager la conversation, quoiqu'en coréen. D'autres s'affairent à leur potager et on entend la télévision derrière certains volets clos.
Comme chez nous l'église est traditionnellement un lieu de rassemblement dans les villages, à Hahoe, le centre de la vie spirituelle est... l'église aussi. C'est une donnée que j'ai du mal à intégrer, bien que je sois venu justement pour un travail qui concerne l'Église, mais en Corée, si le fond culturel est confucianiste et bouddhiste, une grande partie de la population est chrétienne. On pourrait penser que le christianisme est un courant moderne qui touche essentiellement les grandes villes – on ne peut pas louper les églises en ville, de grandes croix aux néons rouges les surmontent – mais visiblement, dans les villages aussi l'Église est bien implantée. En l'occurrence, à Hahoe, c'est une église presbytérienne. Avant d'entrer, on s'y déchausse, conformément aux us de la région.
Nous avons passé deux heures environs à explorer le gros village de Hahoe puis nous avons repris le bus pour Andong, trajet pendant lequel je me suis permis une petite sieste régénératrice. Il était encore relativement tôt (17h30) mais comme nous avions pris un déjeuner léger et que nous avions deux heures à tuer avant de prendre le train pour Danyang, qu'il commençait à faire froid et que nous ne voulions pas arriver à Danyang l'estomac criant famine avec la perspective d'errer dans des rues sordides en plein milieu de la nuit pour trouver le dernier restaurant qui nous servirait la plus infâme des nourritures, nous nous sommes assis – après avoir pris soin de réserver notre billet de train pour Danyang – dans un restaurant traditionnel coréen, sur le sol, et pour quelques wons, nous avons pris un bon repas chaud accompagné de bière et de soju. C'est le quatrième repas d'affilée qui nous satisfait entièrement. Je n'ai jamais été un grand amateur de gastronomie coréenne. Je l'apprécie mais je ne cours pas après. Surtout quand, pendant deux semaines, on commence à trouver qu'on mange toujours la même chose. À Busan, ce que je reprochais à la nourriture coréenne, c'est d'avoir un peu toujours le même goût et surtout, que les saveurs ne sont pas marquées. On a toujours l'impression de manger des plats qui sont à la fois amers, acides, sucrés, salés, le tout très souvent relevé. D'où ma quête de pizza de l'autre soir et les occasionnelles escapades pâtes pour changer. Mais de temps en temps, on peut trouver des plats intéressants, surtout quand on a fait une pause pendant assez longtemps, car on sait de nouveau apprécier les plats courants locaux. Ce soir, j'ai repris un bulgogi, servi en ragoût.
Un petit passage à l'hôtel pour récupérer les bagages puis nous sommes allés prendre le train. Belle surprise que ce train : les wagons sont très larges, les sièges aussi, avec beaucoup d'espace pour les jambes et, comble de la fonctionnalité, les paires de sièges peuvent être tournées à 180° pour former un espace pour quatre personnes. Autre avantage, cela crée un espace pour ranger les valises. Les arrêts sont clairement annoncés en coréen et en anglais, avec un affichage sur un écran. Rien à voir avec le bafouillage craché dans le haut parleur dans l'anglais risible des agents de la SNCF. Confort, ponctualité, efficacité : j'aime la Korail, la compagnie de train coréenne, et pas seulement pour son nom. Cerise sur le gâteau, le contrôleur entre dans le wagon en uniforme – et quand je dis uniforme, je ne parle pas des déguisements dont on affuble les cheminots français, là je parle d'uniforme, avec casquette, galons et tout –, il s'annonce et il s'incline devant les voyageurs. Il ne contrôle rien du tout (tant mieux pour les resquilleurs), fait son tour jusqu'au bout du train, puis il repasse. Avant de quitter le wagon, il ouvre la porte, se retourne vers nous, s'incline une nouvelle fois, et disparaît. J'adore.
Le trajet a duré un peu plus d'une heure. Je deviens très fort pour dormir dans les transports publics. À certaines gares, le train reste immobile pendant au moins cinq minutes, ce qui laisse beaucoup de temps pour descendre. Je pensais que Danyang serait une gare assez grosse pour qu'il en soit ainsi mais heureusement que j'avais préparé mes affaires à l'avance parce que le train n'est resté en gare qu'une minute. D'ailleurs il serait certainement resté encore moins de temps si María, une fois descendue, ne s'était pas rendu compte que son sac à dos était resté dans le wagon. Panique ! María remonte, je fais des signes au contrôleur pour qu'il ne donne pas encore le signal du départ, María bouscule tout le monde dans le wagon, trouve son sac, rebouscule tout le monde pour redescendre, puis le train repart, María, son sac et le reste de nos affaires sur le quai désert. Nous allons au bout du quai pour traverser les voies, de l'autre côté desquelles le chef de gare nous attend pour tendre une chaîne interdisant le passage. Juste après, le quai s'éteint : nous étions les derniers usagers. Pour une raison que j'ignore, l'intérieur de la gare ressemble à cimetière. Pas à cause des tombes, mais des fleurs, qui foisonnent. Il n'est que 20h30 mais le quartier est sans vie, nous renonçons à attendre un quelconque bus pour aller au centre-ville et nous montons dans l'unique taxi qui attend devant la gare.
Nos valises posées à l'hôtel, nous sommes sortis humer l'air frais de Danyang, admirer ses lumières (pont scintillant ultrakitsch, comme l'aquarium et la bibliothèque, d'ailleurs) et essayer de trouver des renseignements pour aller crapahuter dans la montagne demain. Rien n'est ouvert, à part quelques épiceries où nous achetons de quoi pic-niquer à la coréenne (sandwich de riz) demain midi. Au retour à l'hôtel, le patron est descendu sur ordre de son épouse nous donner aimablement les conseils qu'il nous faut pour notre randonnée de demain.

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