Andong – Hahoe – Danyang
Mardi
12 novembre 2013
Ce
matin, réveil un peu plus tardif et réorganisation des valises. Je
suis venu en Corée à la base pour travailler et maintenant il y a
des tas de choses que je n'ai pas envie de me trimballer pendant
encore plusieurs semaines : papiers, chemises légères (plus du
tout utiles vu les températures qu'il fait), cadeaux de l'Assemblée.
D'ici un mois au maximum, si tout se passe bien, María devrait
recevoir un gros carton rempli de trucs inutiles ici et maintenant.
C'était le moment idéal pour le faire étant donné que le bureau
de poste se trouvait juste en face de l'hôtel.
De
l'autre côté de l'hôtel se trouvait un magasin d'une chaîne
américaine de produits convoités par Homer Simpson. Nous y avons
fait escale pour notre petit-déjeuner puis nous sommes allés nous
renseigner au bureau d'information à deux pas de là pour connaître
la meilleure façon de procéder pour faire du tourisme dans la
région d'Andong. Bien renseignés, nous avons commencé par faire le
tour du centre-ville en passant par le marché et les rues passantes.
Il faisait bien meilleur ici que les jours précédents et on a pu
flâner sans souffrir du froid. Nous nous sommes acheté des petites
choses frites (légumes, raviolis, poivrons) dans la rue que nous
avons mangées une fois assis dans le bus pour Hahoe. J'ai trouvé ça
très bon, mais les raviolis n'était pas à la hauteur de ceux que
j'avais mangés dans la rue avant de partir de Busan, d'excellents
raviolis aux vermicelles (si, si!), légèrement poêlés.
Le
trajet pour Hahoe a duré une quarantaine de minutes. Le bus est
sorti de la ville, a emprunté une voie rapide puis a traversé de
nombreuses petites villes avant de s'enfoncer dans la campagne, une
campagne jaune, sans cultures, assez triste. Enfin, nous sommes
arrivés à la billetterie, puis nous sommes remontés dans une
navette qui nous a emmenés un peu plus loin, aux portes du village
traditionnel de Hahoe. Hahoe c'est exactement ce que j'aurais voulu
voir partout en Corée dans les campagnes. Un village traditionnel
avec ses fermes, son lieu de culte, ses maisons bourgeoises.
Malheureusement ce n'est pas un village représentatif de la Corée
et, même si Hahoe est habité, c'est quand même un village-musée
où beaucoup de maisons sont inhabitées et où la plupart des
maisons où vivent des gens servent à accueillir le touriste pour la nuit.
Néanmoins, j'ai été charmé par l'endroit, l'aspect typique des
maisons, celles des paysans en toit de chaume et les maisons plus
riches avec des tuiles, aux formes asiatiques si reconnaissables. On peut
rentrer dans les cours, même quand la maison est habitée, on salue
poliment les maîtres de ces lieux et on demande humblement si on
peut jeter un coup d’œil. Malgré tout, les locaux sont très
aimables et n'hésitent pas à engager la conversation, quoiqu'en coréen. D'autres
s'affairent à leur potager et on entend la télévision derrière
certains volets clos.
Comme
chez nous l'église est traditionnellement un lieu de rassemblement
dans les villages, à Hahoe, le centre de la vie spirituelle est...
l'église aussi. C'est une donnée que j'ai du mal à intégrer, bien
que je sois venu justement pour un travail qui concerne l'Église,
mais en Corée, si le fond culturel est confucianiste et bouddhiste,
une grande partie de la population est chrétienne. On pourrait
penser que le christianisme est un courant moderne qui touche essentiellement
les grandes villes – on ne peut pas louper les églises en ville,
de grandes croix aux néons rouges les surmontent – mais
visiblement, dans les villages aussi l'Église est bien implantée.
En l'occurrence, à Hahoe, c'est une église presbytérienne. Avant d'entrer, on s'y déchausse, conformément aux us de la région.
Nous
avons passé deux heures environs à explorer le gros village de
Hahoe puis nous avons repris le bus pour Andong, trajet pendant
lequel je me suis permis une petite sieste régénératrice. Il était
encore relativement tôt (17h30) mais comme nous avions pris un
déjeuner léger et que nous avions deux heures à tuer avant de
prendre le train pour Danyang, qu'il commençait à faire froid et
que nous ne voulions pas arriver à Danyang l'estomac criant famine
avec la perspective d'errer dans des rues sordides en plein milieu de
la nuit pour trouver le dernier restaurant qui nous servirait la plus
infâme des nourritures, nous nous sommes assis – après avoir pris
soin de réserver notre billet de train pour Danyang – dans un
restaurant traditionnel coréen, sur le sol, et pour quelques wons,
nous avons pris un bon repas chaud accompagné de bière et de soju.
C'est le quatrième repas d'affilée qui nous satisfait entièrement.
Je n'ai jamais été un grand amateur de gastronomie coréenne. Je
l'apprécie mais je ne cours pas après. Surtout quand, pendant deux
semaines, on commence à trouver qu'on mange toujours la même chose.
À Busan, ce que je reprochais à la nourriture coréenne, c'est
d'avoir un peu toujours le même goût et surtout, que les saveurs ne
sont pas marquées. On a toujours l'impression de manger des plats qui sont à la fois amers, acides, sucrés, salés,
le tout très souvent relevé. D'où ma quête de pizza de l'autre
soir et les occasionnelles escapades pâtes pour changer. Mais de
temps en temps, on peut trouver des plats intéressants, surtout
quand on a fait une pause pendant assez longtemps, car on sait de
nouveau apprécier les plats courants locaux. Ce soir, j'ai repris un
bulgogi, servi en ragoût.
Un
petit passage à l'hôtel pour récupérer les bagages puis nous
sommes allés prendre le train. Belle surprise que ce train :
les wagons sont très larges, les sièges aussi, avec beaucoup
d'espace pour les jambes et, comble de la fonctionnalité, les paires
de sièges peuvent être tournées à 180° pour former un espace
pour quatre personnes. Autre avantage, cela crée un espace pour
ranger les valises. Les arrêts sont clairement annoncés en coréen
et en anglais, avec un affichage sur un écran. Rien à voir avec le
bafouillage craché dans le haut parleur dans l'anglais risible des
agents de la SNCF. Confort, ponctualité, efficacité : j'aime
la Korail, la compagnie de train coréenne, et pas seulement pour son nom. Cerise sur le gâteau, le
contrôleur entre dans le wagon en uniforme – et quand je dis
uniforme, je ne parle pas des déguisements dont on affuble les
cheminots français, là je parle d'uniforme, avec casquette, galons
et tout –, il s'annonce et il s'incline devant les voyageurs. Il ne
contrôle rien du tout (tant mieux pour les resquilleurs), fait son
tour jusqu'au bout du train, puis il repasse. Avant de quitter le
wagon, il ouvre la porte, se retourne vers nous, s'incline une
nouvelle fois, et disparaît. J'adore.
Le
trajet a duré un peu plus d'une heure. Je deviens très fort pour
dormir dans les transports publics. À certaines gares, le train
reste immobile pendant au moins cinq minutes, ce qui laisse beaucoup
de temps pour descendre. Je pensais que Danyang serait une gare assez
grosse pour qu'il en soit ainsi mais heureusement que j'avais préparé
mes affaires à l'avance parce que le train n'est resté en gare
qu'une minute. D'ailleurs il serait certainement resté encore moins
de temps si María, une fois descendue, ne s'était pas rendu compte
que son sac à dos était resté dans le wagon. Panique ! María
remonte, je fais des signes au contrôleur pour qu'il ne donne pas
encore le signal du départ, María bouscule tout le monde dans le
wagon, trouve son sac, rebouscule tout le monde pour redescendre,
puis le train repart, María, son sac et le reste de nos affaires sur
le quai désert. Nous allons au bout du quai pour traverser les
voies, de l'autre côté desquelles le chef de gare nous attend pour
tendre une chaîne interdisant le passage. Juste après, le quai
s'éteint : nous étions les derniers usagers. Pour une raison
que j'ignore, l'intérieur de la gare ressemble à cimetière. Pas à
cause des tombes, mais des fleurs, qui foisonnent. Il n'est que 20h30
mais le quartier est sans vie, nous renonçons à attendre un
quelconque bus pour aller au centre-ville et nous montons dans
l'unique taxi qui attend devant la gare.
Nos
valises posées à l'hôtel, nous sommes sortis humer l'air frais de
Danyang, admirer ses lumières (pont scintillant ultrakitsch, comme
l'aquarium et la bibliothèque, d'ailleurs) et essayer de trouver des
renseignements pour aller crapahuter dans la montagne demain. Rien
n'est ouvert, à part quelques épiceries où nous achetons de quoi
pic-niquer à la coréenne (sandwich de riz) demain midi. Au retour à
l'hôtel, le patron est descendu sur ordre de son épouse nous donner
aimablement les conseils qu'il nous faut pour notre randonnée de
demain.
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