vendredi 15 novembre 2013

Pendant ce temps, au sommet du mont Birobong

Danyang - Parc national de Sobaeksan
Mercredi 13 novembre 2013

Se réveiller avec Mobilis in mobile de l'Affaire Luis Trio, ça aide à quitter ses songes sans trop de violence, mais se réveiller à 6 heures du matin, c'est quand même ardu. J'avais mis le réveil tôt en pensant qu'on mettrait du temps à se préparer mais comme on était tous les deux prêts avant 7 heures, nous sommes sortis prendre le premier bus de la journée au lieu du bus de 8 heures pour Darian. Il faisait déjà jour mais le soleil ne réchauffait pas encore. Un bus est passé sans s'arrêter, puis, alors qu'on pensait avoir loupé notre chance, un second est arrivé et après s'être assurés auprès du chauffeur qu'il allait bien à Darian, nous nous y sommes installés. Au bout d'une vingtaine de minutes, nous étions au début du chemin de randonnée pour le mont Birobong. Après dix minutes de marche, nous avons atteint l'entrée du parc national, où nous étions censés régler un droit de passage mais il était trop tôt et personne ne nous a interceptés. Nous avons profité d'une aire de pique-nique pour manger vite fait le petit-déjeuner que nous nous étions achetés la veille au soir dans une épicerie ouverte 24/24h à Danyang.
Nous n'avons pas traîné là parce qu'il faisait froid et que nous avions du chemin à faire pour arriver au sommet. Notre marche jusqu'au mont Birobong a duré environ trois heures, principalement dans le froid et la forêt (admirez le zeugma), sans grande variété pendant au moins deux heures. La rivière que nous avons longée pendant un bon moment créait par endroits des sculptures de glace et ce n'est que vers 9h30, grâce à l'exercice physique et aux rayons du soleil qui commençaient à percer à travers les arbres, que nous avons commencé à nous réchauffer. Une demi-heure environ avant d'arriver sur la crête, le paysage a changé : plus dégarni, c'était un genre de lande jaune balayée par le vent. La vue était du coup plus dégagée, on pouvait admirer les brumes matinales se dissiper sur les reliefs à l'horizon. Depuis la crête, le panorama était spectaculaire mais il était difficile de rester longtemps immobile dans la contemplation à cause du vent glacial. La dernière partie de l'ascension se déroulait sur un caillebotis préservant la végétation, le long de la crête, puis, enfin, nous sommes arrivés au sommet du Birobong, à 1 439 m d'altitude. Dans l'idéal, j'aurais voulu continuer la randonnée jusqu'au monastère de Guinsa, haut lieu de la région, car cela me semblait possible d'après les cartes imprécises que j'avais pu consulter, mais les locaux, y compris les gardiens du parc que nous avons croisés sur notre chemin, nous l'ont déconseillé, nous affirmant même que c'était impossible. Après tout nous avions déjà fait une belle marche et il fallait encore redescendre.
Après tant d'efforts, nous avions faim mais nous avons préféré entamer la redescente pour trouver un endroit abrité du vent pour prendre le casse-croûte. Dès que les arbres – bien que nus – ont commencé à nous protéger du vent, nous avons sorti le pique-nique que nous avions acheté la veille dans l'épicerie de Danyang : en guise de sandwich, un triangle de riz agrémenté d'un peu de viande ou de poisson et emballé dans une feuille d'algue. J'ai trouvé que c'était délicieux, sain et extrêmement pratique. À nouveau plein de forces, nous avons poursuivi notre chemin. Il en fallait, de la force, parce que la descente était selon moi bien plus difficile que la montée, très éprouvante pour les genoux à cause des pierres qui roulent, recouvertes d'épines et de feuilles. Il fallait faire attention à tout moment où on mettait les pieds, prendre garde à ne pas rouler ni glisser – il y avait encore un peu de givre et, pendant la montée, María avait glissé et méchamment chuté sur une partie glacée – et la pente était raide. Cela nous a pris deux heures pour arriver au point d'arrivée. Nous avions beaucoup de chance car un bus patientait sur le parking du village, or il n'en passe qu'un par heure.
De retour à Danyang, nous avons pris un café au bas de notre hôtel puis nous sommes aussitôt repartis nous renseigner sur les bus et les trains pour Séoul, ainsi que les moyens de transport vers le monastère de Guinsa, où nous voulons nous rendre demain. Sans prendre le temps de nous reposer, nous avons traversé le pont pour aller à la grotte de Gosu, de l'autre côté de la rivière. Je pensais y aller un peu pour occuper notre après-midi mais j'ai été enchanté par les merveilles souterraines qu'elle avait à offrir. Cette grotte a quelque chose de la cathédrale, pas seulement dans la mesure où l'on se retrouve sous des voutes de plusieurs mètres de haut mais aussi parce qu'en achetant un billet, comme si on montait dans les combles d'un grand édifice religieux, on suit une série d'étroits escaliers en fer à moitié rouillés pour aller découvrir des merveilles géologiques, des formes surprenantes (mais le plus souvent phalliques), des formations naturelles qui suscitent l'émerveillement. Et puis c'était une parfaite suite à notre matinée sportive, car le parcours nous obligeait parfois à des étirements et des contorsions pour éviter que minéraux et cuir chevelu s'entrechoquent.
La journée s'est terminée par une séance de repos, ordinateur et tri de photos, puis nous sommes allés en quête de nourriture pour nous récompenser d'une belle journée de sport. Malheureusement, le restaurant qui servait des spécialités locales était fermé et les autres restaurants n'étaient guère avenants. Nous avons même quitté un restaurant dans lequel nous nous étions installés car le menu était en coréen uniquement et les explications données par un militaire qui dînait là ont suscité la méfiance chez María, qui ne voulait ni os, ni nourriture épicée, ni poisson (ni militaires). C'est vrai que l'offre gastronomique à Danyang n'est pas très large et, malgré la faim, nous ne savions pas vraiment ce que nous voulions manger. Nous avons fini dans un fast-food japonais avec un dîner très peu satisfaisant, puis nous avons fait un arrêt dans un débit de hamburger local, tout aussi peu satisfaisant, avant de rentrer à l'hôtel pour une nuit bien méritée.

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