Ouest
de Jeju
20
novembre 2013
Nous
restons quatre nuits à Jeju mais finalement nous avons peu de temps
pour visiter l'île. Le premier jour, nous sommes arrivés tard le
soir, le deuxième jour, nous n'étions pas en forme, le cinquième
jour, nous devons être à l'aéroport en milieu d'après-midi et le
quatrième jour, nous faisons un séjour dans un temple à partir de
16 heures, ce qui limite les sorties, car les trajets sont longs, à
Jeju. Reste le troisième jour, aujourd'hui, donc.
C'est
pourquoi nous avons puisé dans nos réserves l'énergie du kimchi
accumulé pendant plus de trois semaines pour nous lever une nouvelle
fois à 6 heures du matin. Nous sommes allés à un carrefour à
quelques minutes de notre hôtel pour prendre un bus faisant le tour
de l'île dans le sens inverse des aiguilles d'une montre. Encore
fallait-il trouver l'arrêt du bus, car le carrefour était grand.
Nous avons fait le tour du carrefour, consultant les fiches horaires
pour voir si c'était bien là qu'on prenait le bus 700. À 7 heures,
heure du départ de notre bus, nous n'avions pas trouvé l'arrêt.
Quand tout à coup María pointe du doigt une ruelle où stationnent
des autobus : « et là ? ». Ah oui, et là.
Nous allons vite voir, un bus est justement en train de se mettre en
route, je vérifie le numéro : 700. Le chauffeur s'arrête en
me voyant faire des signes, nous laisse monter et nous enjoint de
nous installer pour qu'il puisse avancer pendant que nous cherchons
de quoi payer. Quelques centaines de mètres plus loin, il fait halte
au premier arrêt et nous demande où nous allons. « Seongsan »,
répondons-nous. Et là il place les bras en forme de croix – signe
utilisé à grande échelle dans toute la Corée du Sud pour dire
non, fermé, pas possible, 'a pu, trop tard ou encore « ne
passe pas par là ». Nous comprenons que son itinéraire est un
peu différent des autres. Qu'à cela ne tienne, nous descendons,
nous rentrons dans un Paris Baguette, nous prenons une boisson chaude
qui fera office de petit-déjeuner et nous attendons le bus suivant
qui, d'après l'horaire affiché à l'arrêt, fait bien halte à
Seongsan.
Pas
de problème, le bus nous emmène bien à Seongsan, en un peu plus
d'une heure, s'arrêtant dans tous les villages le long de la côte
et longeant les nombreux vergers où poussent les mandarines que de
nombreux restaurateurs nous offrent sur cette île au moment de
partir. Nous arrivons un peu avant 9 heures au pied du Seongsan
Ilchulbong, un ancien volcan émergeant de la mer. L'ascension n'est
pas très longue : en une demi-heure, c'est fait, et quand on
arrive au sommet, on peut voir le cratère recouvert de végétation
et la mer tout autour du mont. Je dois avouer que j'ai été un peu
déçu en arrivant en haut. Je m'attendais à quelque chose
d'époustouflant mais tout ce qu'on voit, c'est un creux vert et
plein de Chinois qui se prennent en photo dans des poses dignes de
Svetlanas russes. Je ne sais pas si c'est une destination touristique
particulièrement prisée des Chinois ou si nous sommes arrivés en
même temps qu'un double car de touristes chinois, toujours est-il
que tout ce qu'on entendait, c'était du mandarin et des raclements
de gorge suivis d'éjections de glaires par la bouche, conformément
à la noble tradition que perpétue ce grand peuple à la sagesse
millénaire.
On
ne peut pas se balader sur la crête du volcan ni descendre dans le
cratère. De loin, on ne voit que du vert, pas très luxuriant, mais
peut-être est-ce dû à la saison. Contents tout de même d'avoir vu
le fameux volcan, classé au patrimoine de l'Unesco, nous avons
entamé la descente et, une fois en bas, nous avons décidé d'aller
visiter l'aquarium. Depuis le début du séjour, María veut aller
dans un aquarium, or il se trouve qu'un aquarium, Sea Planet, vient
d'être construit un peu en dehors du village. Faute de bus pouvant
nous y emmener et étant situé trop loin de là où nous étions
pour y aller à pied, nous avons pris un taxi. Du site où se trouve
l'aquarium, on a une vue imprenable sur le Seongsam Ilchulbong qui
émerge de la mer.
Sea
Planet est un très bel aquarium où l'on a vu des phoques, des
requins, des raies, des loutres, des crustacés, des reptiles, tout
un tas de bêtes effrayantes et/ou sous-marines. On passe même dans
un tunnel pour voir les requins et les raies nager au-dessus de nos
têtes. J'ai beaucoup aimé, malgré le prix du billet d'entrée.
Après maintes tergiversations, nous avons décidé de manger sur
place (toujours pas de maquereau grillé pour moi), puis nous avons
repris un bus pour le village, plus précisément le port, dans
l'optique de prendre un bateau pour Udo, une petite île au large de
la grande île. Au port, une fois renseignements pris sur les
horaires des navettes pour Udo, nous avons décidé de ne pas y
aller, afin de pouvoir aller voir d'autres merveilles que nous avions
prévu de visiter sur Jeju même aujourd'hui. Nous sommes sortis du
port à pied pour revenir sur la route afin de nous trouver sur l'itinéraire des bus. À peine étions-nous arrivés sur la route et
avions-nous repéré l'arrêt du bus qu'un n°700 arrivait. Nous
avons couru vers lui et hop, c'était parti pour Manjanggul, un
tunnel de lave également répertorié par l'Unesco.
Depuis
l'arrêt du bus nous avons dû marcher une demi-heure pour arriver
sur le site de Manjanggul. Là, nous sommes descendus sous terre pour
parcourir sur plusieurs centaines de mètres un tunnel géant
atteignant jusqu'à 18 m de hauteur et presque autant de largeur,
creusé par des coulées de lave. Si la structure est impressionnante
et quand on s'imagine les forces qui ont creusé et façonné ce
tunnel, la visite est passionnante, mais à côté de ça, on est
sous terre, c'est mal éclairé, on ne voit pas grand chose, le
parcours n'est pas très interactif ni instructif et en gros, on fait
un aller-retour dans un gros tunnel naturel. Mais comme je dis, il
faut se replacer dans un contexte de forces tectoniques et de chaleur
infernale.
Il
faisait encore jour pour deux heures environ quand nous sommes
revenus à la surface et nous avons décidé d'aller nous fourvoyer
dans un labyrinthe qui se trouvait sur le chemin du retour vers
l'arrêt de bus, à quelques minutes à pied du tunnel de lave. Au
début, c'était amusant et puis j'ai fait l'erreur de regarder le
plan du labyrinthe. Tout est devenu plus clair et nous avons trouvé
la sortie très rapidement. Nous avons bien essayé de nous perdre à
nouveau mais la motivation n'était plus la même alors nous sommes
sortis pour rejoindre la grande route côtière où circulent les
bus. Nous avons attendu une dizaine de minutes dans le froid en
compagnie de deux touristes malaisiennes.
Je
me suis endormi pendant le trajet du retour mais l'inconfort des
sièges, des dos d'âne et de la position m'ont tiré de mon sommeil
bien avant d'arriver à Seogwipo. Je m'étais juré que je mangerais
du poisson grillé avant de partir de Corée et surtout avant de
partir de Jeju et c'est chose faite depuis ce soir, après un échec
dans un restaurant où on nous a reçus les mains croisées. Fermé ?
À 20h00 ? Tous les soirs, quelle que soit l'heure à laquelle
on arrive dans un restaurant, on commence toujours par se faire
refuser l'entrée les mains croisées parce que c'est fermé. Je ne
comprends rien à leurs horaires. Quoi qu'il en soit, nous sommes
allés manger du poisson (María n'aime décidément pas ça) qui
était bon, certes, et sans le goût uniforme de la nourriture
coréenne. Un bon goût de poisson grillé, c'est appréciable. Mais
maintenant il faut encore que je goûte au maquereau grillé,
seulement à chaque fois que nous rentrons dans un resto de poisson,
María ne mange pas. Et il ne reste que demain midi pour essayer ça
à Jeju.
Comme
María n'avait quasiment rien mangé au resto de poisson, nous sommes
retournés au petit bouge de la veille pour manger des gros raviolis
à la vapeur qui étaient si délicieux hier. Elle les a pris frits
mais ils étaient beaucoup moins bons qu'à la vapeur. Puis nous
sommes rentrés pour chacun tapoter sur nos claviers et raconter nos
expériences.
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